Crise énergétique : la SNCB prend des mesures supplémentaires pour économiser l'énergie
Ces mesures, bien que nécessaires, ne sont qu'une réponse partielle aux surcoûts de centaines de millions d’euros pour l'énergie
La SNCB prend des mesures supplémentaires pour réduire sa consommation d'énergie. Elle entend ainsi limiter au maximum la forte hausse des coûts énergétiques, qui s'élèveront à € 223 millions en 2022 et € 432 millions en 2023, contre € 123 millions en 2020. À l’heure actuelle, aucune mesure n'est prise pour limiter l’offre de trains, mais il apparait clairement que des compensations supplémentaires du gouvernement seront nécessaires pour maintenir cette situation.
Avec 3.800 trains par jour, dont plus de 90% alimentés par l'électricité, la SNCB est le plus grand consommateur d'électricité du pays. L'électricité de traction utilisée pour faire circuler les trains représente environ 85%, soit 1,1 TWh par an, de sa consommation totale d'électricité. À ce stade, la SNCB veut néanmoins éviter d'affecter l'offre de trains, ce qui aurait un impact négatif sur les centaines de milliers de voyageurs qui comptent au quotidien sur le train pour voyager de manière sûre, confortable et durable.
La SNCB mettra en œuvre une politique de sobriété au sein de ses bâtiments et installations afin d'économiser l'énergie. Ces mesures s'ajoutent à celles prises avant la crise énergétique. Un certain nombre de mesures seront également prises dans les gares, mais l’impact sur les voyageurs restera limité. Ces mesures supplémentaires sont conformes aux décisions prises la semaine dernière par le Comité de concertation des différents gouvernements du pays.
Par ailleurs, la SNCB se tient prête à collaborer à l'activation du plan de délestage du gouvernement en cas de pénurie d'énergie dans le pays.
Dans les immeubles de bureaux et les ateliers
Afin de réduire les coûts de chauffage, la SNCB règlera désormais le chauffage de tous ses immeubles de bureaux à 19°C. Dans les ateliers, où les trains sont entretenus, le chauffage baissera aussi d'1°C. Dans les halls ou les locaux non utilisés, le chauffage et la climatisation seront désactivés.
L'éclairage des immeubles de bureaux sera optimisé. Une attention particulière sera portée à la consommation en veille des appareils électroniques et les employés seront invités à prêter attention à l'utilisation inutile du chauffage, de la climatisation, de l'éclairage et des ascenseurs.
Deux petits immeubles de bureaux situés aux abords de la gare de Bruxelles-Midi ne seront plus utilisés, ce qui permettra de réduire les coûts de chauffage et d'électricité. Le personnel concerné se déplacera vers l'un des autres sites autour de la gare.
Dans les gares
Dans les salles d'attente des gares, le chauffage sera réglé sur 15°C.
L'éclairage des gares sera réduit de 10%, tant sur les quais que dans les salles d'attente. Cela se fera entre 1h et 4h. L'éclairage architectural des bâtiments de gare et l'éclairage des parkings seront aussi réduits. La sécurité des voyageurs et du personnel sera cependant bien prise en compte : l'éclairage ne sera donc pas éteint complètement, mais atténué dans la mesure du possible.
Grâce à ces mesures complémentaires, l'utilisation du mazout et du gaz à la SNCB diminuera de 7,5%. La consommation d'électricité (hors traction ferroviaire) diminuera de 3%.
Collaboration avec la Société Fédérale de Participation financière et d'Investissement
En collaboration avec la Société Fédérale de Participation financière et d'Investissement (SFPI), un projet est mis en place pour faire de l'atelier de Charleroi le 1er grand bâtiment de la SNCB énergétiquement neutre, avec l'aide de partenaires externes. Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'une ambition fédérale plus vaste visant à accélérer la rénovation énergétique des bâtiments publics.
En plus des mesures précédentes
La SNCB n'a évidemment pas attendu cette crise pour restreindre sa consommation d’énergie. Depuis 2005, la consommation d'énergie (gaz, mazout et électricité) des bâtiments et installations fixes de la SNCB a déjà été réduite de plus de 20%. La consommation d'électricité pour la circulation des trains a également diminué de plus de 10% ces dernières années. La SNCB souhaite poursuivre ces efforts sans relâche durant les prochaines années :
- Ainsi, depuis 2019, l’écoconduite fait partie de la formation et de la mission des conducteurs de train. À cette fin, le conducteur du train reçoit des alertes de vitesse pendant le trajet, pour savoir comment et quand le train peut accélérer ou ralentir de façon optimale afin de rouler de la manière la plus économe possible en énergie.
Grâce à l'arrivée des nouveaux trains double étage M7, la flotte de trains devient aussi plus économe en énergie. Les trains les plus récents sont par exemple équipés d'un éclairage LED et d’un système de récupération d’énergie à la conduite.
Ces mesures permettront aussi de réduire les émissions de CO2 des trains de 15 % en 5 ans et de 25% en 10 ans par rapport à 2019.
- D'ici 2032, la SNCB aura installé des éclairages LED dans toutes les gares, bureaux et ateliers. Depuis plusieurs années, les éclairages défectueux sont systématiquement remplacés par des éclairages LED.
- Diverses chaudières sont remplacées par des systèmes de chauffage plus performants. Dans la mesure du possible, les dernières technologies de chauffage sont utilisées.
- La SNCB produit également sa propre électricité verte. Plus de 20.000 panneaux solaires ont déjà été installés sur les toits de plusieurs gares et ateliers, ce qui correspond à une production annuelle de 6 GWh. À court terme, ce chiffre sera étendu à 10 GWh par an.
- Dans le courant de l'année 2025, la SNCB prévoit aussi de réaménager les entrées de la gare du Midi côté Fonsny mais aussi d'emménager dans le centre de tri postal rénové de la gare de Bruxelles-Midi. Tous les employés travaillant actuellement sur 7 sites différents autour de la gare seront transférés sur 1 seul site, dont la surface sera réduite de moitié, passant de 140.000 m² à 71.000 m². Le bâtiment rénové sera aussi doté des dernières technologies en matière d’énergie.
Surcoût de centaines de millions d'euros
La SNCB estime que ces mesures de sobriété supplémentaires sont évidentes dans le contexte actuel. Cependant, les mesures déjà prises par la SNCB ces dernières années, aujourd’hui renforcées, ne pourront pas couvrir la totalité du surcoût d'énergie. D'autant moins si la SNCB veut garantir l’offre, le confort et l'attractivité du train. Pour 2022, la facture d’énergie devrait presque doubler par rapport à 2020. Pour 2023, les prévisions estiment un montant quadruplé par rapport à 2020.
La SNCB est actuellement en concertation avec le gouvernement afin d'obtenir une compensation pour, entre autres, l'augmentation des coûts énergétiques liés au maintien de l'offre.