La SNCB, LETEC, De Lijn et la STIB, ensemble contre les agressions envers leur personnel
D’une même voix, ils appellent à davantage de respect mutuel dans les transports publics.

Les quatre sociétés de transport public belges ont recensé 5.908 cas d'agressions physiques et verbales à l'encontre de leur personnel en 2024, soit une moyenne de plus de 16 cas par jour, contre 15 par jour en 2023. Les chiffres sont tout aussi inquiétants cette année, ce qui démontre que le phénomène est malheureusement plus que jamais d’actualité. Face à cette situation inacceptable, la SNCB, LETEC, De Lijn et la STIB relancent une campagne commune pour rappeler l’importance du respect mutuel entre leur personnel et les voyageurs.
Lancée à l’occasion de la journée internationale de la tolérance le 16 novembre, la campagne met en lumière douze collaboratrices et collaborateurs des différents opérateurs ayant été confronté(e)s à des agressions dans le cadre de leur fonction. Elle met en avant les visages qui se cachent derrière ces chiffres. Car, en dehors de leur travail, ces personnes sont aussi parent, grand-parent, frère ou sœur, meilleur(e) ami(e) de quelqu'un, maître-nageur ou entraîneur de foot. Et le respect qu’on leur porte pour cela, ils le méritent aussi dans leur travail.
La campagne est également soutenue par la Fédération belge des entrepreneurs d'autobus et d'autocars (FBAA), qui rassemble les entreprises opérant en sous-traitance pour De Lijn et LETEC.
En moyenne 16 agressions par jour
Le nombre d’agressions atteint un niveau inacceptablement élevé. En 2024, les opérateurs de transport public en ont recensé 5.908, soit une moyenne de 16 par jour. Cela correspond à une augmentation d'environ 5,5 % par rapport à 2023, qui, avec 5.598 cas, représentait déjà une année record en termes de nombre d'agressions.
Un peu plus d’un quart des agressions implique de la violence physique. Dans les autres cas, il s’agit d’insultes ou de menaces. Quel que soit le type d’agression, les collaborateurs victimes n’en sortent jamais indemnes. En 2024, 780 agents ont été absents à la suite d'une agression, ce qui représente 23.686 jours d'incapacité.
Respect des collaborateurs et des règles
La campagne constitue avant tout un appel au respect mutuel dans les transports publics. Le respect entre personnel et voyageurs, mais aussi des règles de base qui rendent les déplacements en transports en commun plus agréables pour tous. Les discussions avec des voyageurs qui ne respectent pas ces règles sont souvent à l'origine des cas d’agressions.
Les agressions peuvent résulter d’interpellations pour non-possession d’un titre de transport valable, après avoir commis une nuisance ou enfreint une règle, comme rouler à vélo ou à trottinette dans une gare ou station de métro, mettre les pieds sur les sièges, laisser traîner des déchets sur le sol, etc. Certaines agressions surviennent aussi sans raison directe.
De nombreuses mesures
La SNCB, LETEC, De Lijn et la STIB prennent de nombreuses mesures pour lutter contre les agressions : augmentation du personnel de terrain, réseau de caméras de surveillance ou encore des formations pour les collaborateurs en contact direct avec la clientèle, afin d’apprendre à détecter rapidement les situations potentiellement conflictuelles et à y réagir de manière adéquate.
Quiconque ne respecte pas les règles ou fait preuve d'agressivité risque également une amende administrative, qui peut s'élever à 500 euros en cas de récidive. Pour les infractions les plus graves, telles que l'agression physique ou la perturbation du trafic ferroviaire, des poursuites pénales sont également possibles.
Des sanctions sévères
Chaque cas d’agression fait l’objet d’un suivi rigoureux. Outre un soutien psychologique immédiat, après chaque agression, les quatre sociétés proposent à leurs agents une assistance sur le plan juridique pour déposer plainte auprès de la police. Dans chaque cas, les sociétés s’adressent à la justice en tant que partie lésée et, en cas de poursuites par le parquet, elles se constituent également partie civile.
Les dossiers débouchant sur des poursuites pénales peuvent aboutir à des peines de prison avec ou sans sursis. Les auteurs d’actes d’agressions risquent également des amendes ou des travaux d'intérêt général. L'agression contre le personnel de services publics est, de plus, considérée comme une circonstance aggravante.
Sophie Dutordoir (CEO SNCB), Brieuc de Meeûs (CEO STIB), Ann Schoubs (CEO De Lijn), Jean-Michel Soors (CEO LETEC) et Pieter Van Bastelaere (CEO FBAA) : « Chaque jour, les milliers d'employés des quatre sociétés de transport public de notre pays veillent à ce que les voyageurs arrivent à destination rapidement, bien informés et en toute sécurité. Il est donc essentiel qu’ils puissent accomplir cette mission de service public dans des conditions sûres et respectueuses. Pourtant, nos collaborateurs continuent d'être confrontés à des agressions, verbales ou physiques, alors qu'ils sont là au service des voyageurs. Nous condamnons ces formes de violence avec la plus grande fermeté et prenons nous-mêmes des mesures pour endiguer les agressions. Chaque cas d’agression fait l’objet d’un suivi rigoureux. Cependant, ce problème ne s'arrête pas à l'entrée du bus, du tram ou du train, ni à l'accès à une gare. Ce phénomène sociétal nécessite aussi une présence visible des forces de police dans et autour des transports publics, ainsi que des sanctions sévères de la part de la justice pour tout acte de violence. Nous continuons à réitérer cet appel, car seule une telle approche consolidée permettra de mettre un terme à ces agressions. »
Cindy, accompagnatrice de train SNCB : « J’étais accompagnatrice depuis quatre mois quand j’ai dû faire face à un groupe de 80 jeunes qui se sont répartis dans plusieurs voitures du train et ont commencé à faire du chahut partout. J’étais seule face à eux, ils jetaient du liquide, me crachaient dessus et me proféraient des insultes. Certains voulaient ouvrir la porte du train alors qu’il roulait, je devais les en empêcher. Je me suis vraiment sentie en insécurité. J’ai continué mon service et ce n’est que quelques jours après que j’ai ressenti le contre-coup. Après un examen, le médecin a diagnostiqué un état de stress post-traumatique. J'ai depuis repris le travail et je suis toujours accompagnatrice. Ce n’est pas ce type d’incident qui va me faire détester mon métier. Nous sommes là pour aider et accompagner les voyageurs, nous ne devrions pas être confrontés à cette violence. »
Céline, conductrice chez LETEC : « J’étais en train de conduire quand j’ai entendu des cris dans le bus. Un passager menaçait les autres voyageurs avec une arme. Dans ces moments-là, on n’a pas vraiment le temps de réfléchir. J’ai simplement fait ce qui me semblait le mieux : mettre les voyageurs à l’abri et appeler la police. C’est par la suite qu’on comprend qu’on a vécu une expérience traumatisante. »
David, agent de vente STIB : « Un jour de forte affluence, une dizaine de personnes faisaient la file pour acheter un titre de transport lorsqu’un homme a dépassé tout le monde et m’a dit : “C’est juste pour un ticket.” Je lui ai répondu gentiment qu’il devait attendre son tour et se mettre dans la file comme tout le monde, ou qu’il pouvait aussi acheter son ticket au distributeur s’il le souhaitait. Cette réponse ne lui a pas plu, car il a commencé à m’insulter et à frapper contre la vitre. Finalement, il a quand même acheté son ticket au distributeur, mais il est ensuite revenu pour m’insulter à nouveau et m’a menacé de me passer à tabac, tout en mimant un geste d’égorgement avec son doigt. J’ai averti le service de sécurité, qui a envoyé une patrouille afin que je puisse rentrer chez moi en toute sécurité après mon service. »
Micha, agent de vente De Lijn (ancien chauffeur de bus) : « Alors que je conduisais, j'ai soudainement été harcelé sans raison par un groupe de jeunes pendant ma pause. Ce qui a commencé par des cris et des coups sur les vitres s'est rapidement transformé en coups de pied contre le bus. Je suis resté calme et j'ai prévenu le dispatching, mais la police a mis un certain temps à arriver. Entre-temps, l'un d'entre eux a même essayé de monter dans le bus, ce que j'ai bien sûr refusé, de peur que la situation ne s'aggrave. Finalement, la police est intervenue et j'ai pu poursuivre ma route, le cœur battant, mais avec le soutien de mes passagers. On n'oublie pas facilement ce genre de moments. On essaie de rester professionnel, mais cela nous touche en tant qu'être humain. »
Jean-Luc Crucke, ministre fédéral de la Mobilité : « Les agressions envers le personnel des transports publics sont inacceptables et contraires à toutes les valeurs que notre société défend. Derrière chaque uniforme, il y a une personne qui fait simplement son travail pour garantir la mobilité de millions de citoyens. Nous devons, ensemble, rétablir une culture de respect : respect des règles, respect des agents, respect des autres voyageurs. Le gouvernement fédéral continuera de soutenir les opérateurs et les forces de l’ordre dans la lutte contre ces violences, car la sécurité de celles et ceux qui nous transportent chaque jour n’est pas négociable. »
François Desquesnes, ministre wallon de la Mobilité : « Le respect et la sécurité sont des éléments essentiels du service public de transport. La sécurité des agents et des voyageurs de LETEC doit se baser sur une approche globale fondée sur la prévention, des mesures protectrices et la sanction. Je salue le travail conjoint des quatre sociétés de transport public pour lutter efficacement et prévenir toute forme de violence. »
Elke Van den Brandt, ministre bruxelloise de la Mobilité : « Chacun doit pouvoir se sentir en sécurité et respecté dans les transports publics – les voyageurs comme le personnel. L’agression n’y a pas sa place, seulement le respect de l’autre. »
Annick De Ridder, ministre flamande de la Mobilité : « Les personnes qui s'engagent chaque jour pour aider les voyageurs à se déplacer en toute sécurité et sans encombre méritent le respect, et non l'agressivité. Nos chauffeurs, contrôleurs, techniciens et employés de guichet sont le cœur battant du transport public. Ils sont proches des gens, souvent dans des conditions difficiles, et méritent d'être appréciés pour leur engagement. Avec cette campagne, nous adoptons ensemble une position claire : l'agressivité est inacceptable. Nous ne tolérons aucune forme de violence, verbale ou physique. Nous continuons à investir dans la sécurité, par exemple avec des caméras piétons (bodycam), et nous poursuivons nos efforts en matière de prévention, de formation et de coopération avec la police et la justice afin de sanctionner les auteurs et de mieux protéger nos collaborateurs. Le respect est et reste la base de tout contact. »

Tom Guillaume
Stéphane Thiery
Marco Demerling
Laurent Vermeersch
Kim Taylor



