La SNCB veut retrouver le nombre de voyageurs d’avant la crise sanitaire, le plus rapidement possible
- Un résultat financier négatif en 2021 et une année 2022 de transition qui sera également difficile
- À l’instar des pays voisins, une importante compensation financière du gouvernement durant la période de transition reste cruciale pour assurer la mission de service public
- Une confiance affirmée dans le retour des voyageurs
- En 2021, grâce à l’implication de son personnel et à une offre de trains maximale, la SNCB a pu transporter ses clients de manière sûre, notamment d’un point de vue sanitaire, et durable. L’an dernier, le chiffre d'affaires du trafic intérieur de voyageurs de la SNCB s'est élevé à € 0,5 milliard, soit 37% de moins qu'en 2019. La SNCB a accueilli 171,8 millions de voyageurs en 2021, soit 6,6% de moins qu’en 2020 et 32,2% de moins qu’en 2019 avant la crise sanitaire.
Pour continuer à assurer sa mission de service public, la SNCB a reçu une compensation d'un peu plus de € 300 millions de la part du gouvernement. Ce soutien de l’État, combiné à des mesures d’économies internes, a permis de circonscrire la perte d'exploitation à € 98 millions. Sans cette compensation, la perte d'exploitation aurait été de plus de € 400 millions.
La SNCB envisage toutefois l'avenir avec confiance et prévoit de renouer, à l’horizon 2024, avec le nombre de voyageurs d'avant la crise sanitaire et de retrouver dès 2023 la fréquentation de 2019 pour le segment des voyages de loisirs.
Sophie Dutordoir, CEO de la SNCB « Nous sommes prêts à accueillir davantage de voyageurs. C'est d’ailleurs dans cet esprit que la SNCB négocie actuellement le contrat de service public 2023-2032 avec son autorité de tutelle. Le train joue un rôle clé dans les trajets quotidiens domicile-travail, domicile-école et de loisirs, et il peut apporter une contribution particulière à la réalisation des objectifs climatiques belges. Chaque personne qui privilégie le train à la voiture contribue immédiatement à la réduction des émissions de CO2. Notre ambition est d’accueillir, le plus rapidement possible, davantage de voyageurs dans nos trains qu'avant la crise. Des étapes importantes ont été franchies en 2021 avec un nouvel élargissement de notre offre et l’utilisation de nouveaux trains confortables. »
Des investissements conséquents et ciblés pour du matériel roulant neuf, la poursuite de la transformation des gares en pôles multimodaux intégralement accessibles, l'élargissement et l'adaptation de l'offre de transport ainsi qu'une numérisation intensive des canaux d'information en temps réel et de vente doivent non seulement permettre de reconquérir les clients existants, mais aussi d’attirer, d’ici 2032, 40 % de voyageurs de loisirs supplémentaires et 25 % d’abonnés domicile-travail en plus.
La SNCB veut mettre en avant le train, mode de transport sûr, durable et confortable par excellence, pour contribuer à la réalisation des objectifs climatiques et du nécessaire shift modal.
Le nombre de voyageurs de loisirs a d’ailleurs dépassé les records de 2019 lors de plusieurs weekends de l’année 2021. On constate donc que lorsque les mesures le permettent, les clients reviennent et cela donne confiance.
En raison du télétravail obligatoire, l'impact de la crise sanitaire a été principalement ressenti les jours de semaine et a toujours été étroitement lié à un durcissement ou à un assouplissement des mesures Covid. À l'heure actuelle, le nombre de voyageurs représente 80 % de celui d'avant la crise sanitaire, contre un peu plus de 60 % fin 2021. Le télétravail est devenu une nouvelle norme. C’est pourquoi la SNCB lancera des abonnements flexibles dans le courant de l'année 2022 afin d'apporter une réponse à ce changement et d'offrir aux télétravailleurs une solution de transport attractive sur mesure.
Des résultats financiers sous pression
Le nombre de voyageurs en 2021, 171,8 millions, reste bien inférieur au niveau record d'avant la crise du coronavirus, qui s’élevait à 253,4 millions en 2019, soit une baisse de 32,2 %. Dans le même temps, l'offre de trains a été maintenue au maximum à la demande explicite du gouvernement afin de répartir au mieux les voyageurs.
La perte opérationnelle récurrente s'est donc élevée à € 401,9 millions en 2021, dont € 303,8 millions ont été compensés par le gouvernement fédéral : le chiffre final de la perte opérationnelle s'est donc élevé à € 98,1 millions. L'impact financier devient encore plus clair si on le compare au bénéfice attendu de € 123 millions qui était prévu pour 2021 dans les perspectives pluriannuelles pré-COVID.
Fin 2021, la dette économique s'élevait à € 2,314 milliards.
Investissements dans les personnes et le service aux voyageurs
En 2021, la SNCB a investi près de € 700 millions pour améliorer son service à la clientèle, dont € 310,4 millions dans l’élargissement de sa flotte de voitures modernes et confortables double étages M7. Un montant de € 146,6 millions a été investi pour améliorer l'accueil des voyageurs en gare. Il s'agit non seulement des grands projets de gares bien connus (Namur, Mons, Gand, Malines ou Courtrai) mais aussi de 10 gares rendues intégralement accessibles (dont Barvaux et Marche-en-Famenne, ainsi qu'Aalter et Zwijndrecht). Le nombre de parkings vélos et voitures a également augmenté.
Pour réaliser ses ambitions, la SNCB a aussi mis tout en œuvre pour recruter massivement. Ainsi, en 2021, la SNCB a accueilli 1.200 nouveaux collaborateurs et prévoit d’engager 1.300 personnes en 2022.
Les perspectives en 2022
Il est à prévoir que 2022 sera encore une année difficile sur le plan financier. Outre l'impact du télétravail obligatoire jusqu’au 18 février dernier, l'inflation élevée et la flambée des coûts de l’énergie pèsent lourdement sur les comptes de la SNCB, premier consommateur d’électricité du pays.
À l’instar des décisions prises dans les pays voisins, la SNCB a besoin d'urgence d'une décision de la part des autorités concernant la compensation demandée, comme en 2020 et 2021, pour la bonne exécution de sa mission de service public. Ceci pour compenser la perte d'exploitation estimée actuellement à plus de € 200 millions en raison, entre autres, d’un impact d’environ € 80 millions dû à l'augmentation des coûts de l’énergie et d’un impact de plus de € 60 millions du à l'indexation des salaires.
En 2021, le gouvernement a pris une décision importante en vue de faire de la SNCB l'opérateur désigné pour le transport ferroviaire domestique de voyageurs sur l’ensemble du réseau pour les 10 prochaines années. Le 26 novembre 2021, le gouvernement a en effet publié au Journal officiel de l’Union européenne son intention d'attribuer à la SNCB le contrat de service public 2023-2032. L'ambition de l’autorité de tutelle et de la SNCB est de conclure ce nouveau contrat, avec les ressources financières nécessaires liées aux ambitions, avant la fin de l’année 2022.